Simulation de la croissance tumorale et de la réponse au traitement : aspects prédictifs basés sur l'imagerie
Les maladies auto-immunes systémiques (MAI) sont un groupe de maladies inflammatoires chroniques dont les diagnostics sont difficiles à établir et les traitements aléatoires. Leur caractéristique commune est la présence d'auto-anticorps (dirigés contre des composants du soi) dans le sang.
Trois maladies représentent principalement ces MAI : le lupus érythémateux disséminé (LED), la polyarthrite rhumatoïde (PR) et la sclérodermie systémique (ScS). Ces trois maladies présentent des chevauchements importants dans leurs manifestations. Plusieurs autres entités et syndromes peuvent leur être associées comme le syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS) et le syndrome des anticorps antiphospholipides (SAPL). Alors que chaque entité clinique peut être considérée comme « rare », l’ensemble constitue la troisième cause de morbidité de part le monde (1% de la population générale). En outre, il existe un grand nombre de personnes qui ne remplissent pas les critères cliniques ou qui ne partagent pas toutes les caractéristiques de l’une ou l’autre de ces maladies et qui de fait, vivent pendant des années comme des « cas indifférenciés ». Ces maladies sont au centre du projet " PRECISESADS ".
Les limites actuelles des biothérapies dans l'autoimmunité
Le constat actuel est clair. Le développement des biothérapies est limité par une connaissance insuffisante des mécanismes complexes impliqués dans ces maladies, et, plus encore, par l’absence d’identification des mécanismes activés à l’échelle de l’individu. Pourtant, utiliser des biothérapies ciblées suppose au préalable que les mécanismes moléculaires impliqués dans les manifestations de la maladie chez chaque patient soient identifiés. Ainsi, le développement d'une nouvelle taxonomie moléculaire de ces MAI constitue une « nécessité médicale » pour les patients souffrant de ces troubles.
Notre hypothèse principale est que l'identification de signatures moléculaires spécifiques chez les patients atteints de MAI permettra aux cliniciens d'adapter leurs traitements en fonction des voies spécifiques à cibler à l’échelle du patient. En bref, nous souhaitons mettre en œuvre des stratégies de médecine de précision.
Le projet PRECISESADS, vers une nouvelle taxonomie des maladies autoimmunes
Le consortium PRECISESADS, rassemblé autour d'un projet financé par l'Europe et l'Innovative Medicines Initiatives (IMI), est un réseau translationel de chercheurs et de cliniciens accompagnés par 5 sociétés pharmaceutiques majeures (membres de l'EFPIA), ayant l'objectif commun de développer une nouvelle taxonomie moléculaire des MAI.
L'enjeu est de faire usage des techniques "omiques" à disposition, en associations avec les connaissances cliniques existantes. L'idée est de substituer les signatures moléculaires aux entités cliniques. Pour cela nous allons faire abstraction, dans un premier temps du diagnostic clinique et allons regrouper ces diverses maladies ensemble (Figure 1).
Qui peux participer ?
Toute personne consultant au CHRU de Brest et souffrant d'une de ces maladies auto-immunes pourra être invitée à participer en acceptant de donner un prélèvement de sang et d'urine.
Quels sont les résultats attendus ?
Les approches "omiques" associées à la bioinformatique intégrative devraient permettre : l'identification de biomarqueurs pour une utilisation clinique (diagnostic, pronostic, réponse aux traitements), l'identification de groupes de biomarqueurs qui caractérisent des groupes de patients (clustering), une classification des MAI basée sur les biomarqueurs cliniques pertinents, d'améliorer les connaissances scientifiques sur les interconnections existantes entre les MAI, de développer un protocole de prise en charge individualisé des patients souffrants de MAI.
En conclusion, les aspects contenus dans ce projet novateur et ambitieux contribueront à accroître la probabilité de succès pour développer de nouveaux traitements et proposer de nouvelles options thérapeutiques dans l'autoimmunité.
Figure 1 : Concept de l'approche du consortium PRECISESADS dans l'élaboration d'une nouvelle taxonomie moléculaire des maladies autoimmunes (MAI).
À propos du laboratoire
L’EA2216, INSERM ESPRI, ERI29 "Laboratoire d’Immunothérapies et Pathologies lymphocytaires B" fédère autour du laboratoire d'immunologie plusieurs entités cliniques : rhumatologie, hématologie, néphrologie et odontologie sur un axe de recherche voué à l'étude du lymphocyte B (LB) normal et pathologique.
Au premier chef, les maladies auto-immunes (syndrome de Gougerot-Sjögren, lupus érythémateux disséminé, polyarthrite rhumatoïde); en plus, les lymphoproliférations (leucémie lymphoïde chronique), le rejet de greffe rénale et la maladie parodontale. Nous avons développé notre recherche en immuno-pathologie du LB depuis les approches fondamentales (épigénétique dans l’autoimmunité, implication de la cytokine BAFF, signalisation calcique et LB régulateurs) jusqu'aux applications cliniques (essais thérapeutiques multicentriques, IVIg, valorisation des immunothérapies).
L’ERI29 et le laboratoire d’immunologie du CHRU ont la particularité d’être liés par une convention. De fait, l’EA2216 est hébergée dans les locaux du CHRU et des liens étroits existent entre les membres de l’équipe et le personnel hospitalier. Depuis 2012, l’ERI29 est membre du Labex « Immunotherapy, Graft, Oncology » (IGO). Elle co-anime les réseaux « Canaux ioniques » et "épigénétique" du Cancéropôle Grand Ouest et est fortement impliquée dans le consortium européen "Innovative Medicine Initiative" (IMI) “Molecular Reclassification to Find Clinically Useful Biomarkers for Systemic Autoimmune Diseases (PRECISESADS)”, N°115565. Enfin, le laboratoire fait partie des 10 unités constituantes de l’Institut Fédératif de Recherche (IFR 148), intitulé «ScInBioS» (Sciences et Ingénierie en Biologie-Santé), transformé en 2015 en Institut Brestois en Santé-Agro-Matière (IBSAM), composante de l'UBO. L’EA2216/ERI29 est également l’une des 68 équipes membres de Biogenouest.